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La francophonie à l’honneur

Publié le 28 novembre 2024

Par Armand Kadivar

Le mois d’octobre 2024 fut placé sous le signe de la francophonie. Les 4 et 5 octobre, a eu lieu le 19e Sommet de la Francophonie à Villers-Cotterêts, événement qui regroupe les chefs d’État et de gouvernement des 93 pays de l’Organisation internationale de la francophonie. En parallèle, un Festival de la Francophonie s’est tenu à la Gaîté Lyrique, à Paris, du 2 au 6 octobre, pour célébrer la langue française sous toutes ses formes.

Le sommet

Né en 1986, le Sommet de la Francophonie est un événement biennal qui s’était tenu en France pour la dernière fois en 1991. Le choix de Villers-Cotterêts, commune située dans le département de l’Aisne, n’est pas anodin : c’est là que François Ier a signé, en 1539, l’ordonnance du même nom qui impose la rédaction des actes officiels en langue française et non plus en latin. C’est là également qu’a été inaugurée par le président Emmanuel Macron, le 30 octobre 2023, la Cité internationale de la langue française, située au sein du château de Villers-Cotterêts. Ce lieu, ouvert à tous, dispose d’un parcours de visite permanent qui invite à un voyage à travers la langue française et la francophonie, auquel s’ajoute une programmation pluridisciplinaire d’expositions et de spectacles.
Deux enjeux majeurs ont marqué ce sommet dont le thème était « Créer, innover, entreprendre en français ». Le premier, en lien direct avec celui-ci, concerne la jeunesse francophone et l’emploi, puisque cette question fut au centre des discussions, avec la volonté de créer des solutions concrètes tant au sein de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF) que dans les États membres pour offrir aux jeunes gens d’aujourd’hui des opportunités d’insertion professionnelle en langue française. Le second point clé s’inscrivait dans le contexte géopolitique actuel et touche à la valeur ajoutée de l’OIF dans la gestion des crises qui frappent l’espace francophone. D’où, notamment, la prononciation d’une déclaration de solidarité avec le Liban.

Le festival

Pour accompagner le sommet, un Festival de la francophonie s’est déployé à la Gaîté Lyrique, dans le troisième arrondissement de Paris, du 2 au 6 octobre. Intitulée « Refaire le monde », cette manifestation gratuite et ouverte à tous entremêlait exposition, concerts, conférences, débats, spectacles, humour, rencontres littéraires, projections de films et ateliers. Au rang des intervenants, citons pêle-mêle des personnalités aussi diverses que l’humoriste Paul Taylor, le dramaturge Alexis Michalik et la chanteuse Ronisia : signe d’une programmation éclectique et ouverte sur les potentialités de la langue ainsi que sur ses multiples actualisations. De fait, ce festival se voulait une invitation à découvrir les cultures et les sociétés francophones ainsi que les personnalités qui inventent et bâtissent la francophonie d’aujourd’hui et de demain.
En plus des différentes propositions mises en place à la Gaîté Lyrique, le festival s’est étendu hors les murs avec diverses initiatives. Ainsi, la Cité internationale de la langue française a accueilli un concert de Zaho de Zagazan, et l’Institut de France a convié le public à rejoindre les académiciens sous la Coupole pour découvrir comment, autour des thèmes « écrire, traduire et interpréter », la littérature, la science, la danse, la musique ou encore les arts graphiques travaillent, parlent et se savourent en français et dans bien d’autres langues.

DES CHIFFRES ET DES LETTRES

– Le français est la 5e langue mondiale et la 4e sur internet
– On dénombre 321 millions de francophones dans le monde
– Il y a 144 millions d’apprenants du et en français

Source : Organisation internationale de la francophonie

REFAIRE LE MONDE

Entre l’injonction de Marx à « transformer le monde » et celle de Rimbaud à « changer la vie », le Festival de la francophonie invitait, par son titre, à « refaire le monde ». Valérie Senghor, commissaire du festival et petite-nièce de Léopold Sédar Senghor, un des pères fondateurs de la francophonie, interprète en ces termes l’intitulé de l’événement :

« « Refaire le monde » : c’est à cette exhortation, à cet appel à rêver, penser et agir, que le Festival de la francophonie convie artistes, penseurs, chercheurs, entrepreneurs issus des cinq continents.
Dans un monde fracturé, menacé par les défis climatiques, géopolitiques, technologiques et économiques, ces inventeurs et ces bâtisseurs révèlent le pouvoir de la langue française en partage, quand elle se fait matière pour la création, l’invention et l’émotion, outil pour la pensée et le dialogue, vecteur de coopération et de solidarité.
Que la diversité des initiatives nées de ce mouvement, que la puissance d’inspiration des personnalités rassemblées pendant ce Festival, nous éclairent et nous donnent à tous la force d’agir, individuellement et collectivement, pour réparer, réinventer et réenchanter le monde. »