Actualités Pédagogiques

Écrire un récit de création

Publié le 13 septembre 2024

Par Marie-Françoise Roger

Le mythe (« muthos », en grec, veut dire « récit ») ou le conte cherchent à expliquer le monde en utilisant la métaphore et le symbole. Les exercices d’écriture proposés ici s’appuient sur le dossier en ligne de la BNF « Mythes et récits de création ».

Se faire une bibliothèque de récits de création

On demandera aux élèves de rassembler des récits de création, en cherchant dans les mythologies grecques, égyptiennes, dans les contes africains ou les récits mésoaméricains. Ils les classeront et les compareront. Quelle a été la durée de la création ? Qui a créé le monde ? Quelles ont été les épreuves, les difficultés ? Quelle est la place de l’homme dans ces récits ? Et de la femme ? Les lieux évoqués ? La morale de l’histoire ? Un tableau comparatif peut être imaginé.

Les extraits de la Bible et du Coran, des textes d’Hésiode, d’Ovide, de Du Bartas, de Milton, des récits venant d’Inde, d’Iran, de Polynésie, du Mali sont disponibles sur le site de la BNF.

Écrire à partir de deux récits

Les élèves inventeront ensuite une cosmogonie à leur façon. On exploite pour cela l’anthologie 36 façons d’inventer le monde, publiée par les éditions Larousse, en se focalisant sur deux extraits. L’un provient d’Histoires au téléphone de Gianni Rodari, l’écrivain jeunesse italien le plus connu.
L’autre est l’amorce d’un récit de création écrit par le Sénégalais Abou Anta Ka.

Sujet 1 : Un monde à inventer

« Au commencement, la Terre était faite de travers, et il fallut bien des efforts pour la rendre plus habitable. »

Gianni Rodari, Histoires au téléphone, Paris, La Farandole, 1983.

Sujet 2 : La Création selon les Noirs

« Non, mon fils, Adam n’est pas le Premier Homme selon nous, les Noirs. Ève non plus n’est pas la Première Femme.

– Grand-père, qui donc était le Premier Homme selon nous ?

– Écoute… Donne-moi le temps de bourrer ma pipe.

– Tu fumes trop, grand-père.

– Cela me fait du bien… La lune est le Premier Homme.

– La lune notre ancêtre ! Que me racontes-tu là, grand-père ? »

Abdou Anta Ka, La Création selon les Noirs, Les Nouvelles éditions africaines, 1976.

Les élèves inventent la suite de l’un de ces deux extraits au choix.

 

Les ingrédients du récit

Pour écrire, ils définiront tout d’abord les ingrédients d’une cosmogonie.

Les lieux : le chaos, le fond de l’océan, une galaxie, un trou noir, une étoile nouvellement née, un désert, etc.
Le héros de l’histoire : un extraterrestre, le survivant d’une planète disparue, un enfant né d’une étoile, une divinité, un géant venu d’ailleurs, un génie sorti de la mer, etc.
Une épreuve à franchir : remonter le temps, déchiffrer une inscription, tuer le monstre, franchir une mer de glace, une montagne gigantesque, un gouffre, retrouver la mémoire, éviter une mutation génétique, etc.
Un objet magique : un rayon laser, une pierre sacrée, un œuf de cristal, une lettre de feu, etc.
La rencontre d’un personnage bénéfique : une femme-oiseau, un animal mystérieux, une divinité, un magicien, un enfant aux cheveux d’or, etc.
La rencontre d’un personnage maléfique : un monstre, un géant, le diable, son ombre, un astre mort, etc.

Chacun construira son histoire en reprenant le schéma narratif du conte et terminera par une « morale » qui pourra commencer par : « Depuis ce jour, sur la terre, … »

L’écriture, le style

Même si les extraits sont courts, ils permettent d’observer avec les élèves ce qui donne à chaque récit sa tonalité et sa saveur. Dans la première phrase de Gianni Rodari, la présence d’un vocabulaire familier (« faite de travers »), presque enfantin, donne le ton : le récit pourra avoir la forme d’un conte pour enfant, et contenir des marques d’oralité.
Outre l’écriture de contes, Abdou Anta Ka est également un auteur de théâtre. On retiendra donc la forme dialoguée du récit, bien que le grand-père finisse par devenir narrateur et prendre en charge l’histoire.