Publié le 6 juin 2025
Par Camille Ducrot, professeure documentaliste dans l’académie de Grenoble, membre de l’A.P.D.E.N.
Dans le cadre de l’objet d’étude « Le monstre aux limites de l’humain », une professeure documentaliste et une professeure de français proposent à une classe de 6e une séance de travail au CDI sur la réalisation d’une double page documentaire sur les monstres de la mythologie romaine.
Lire et comprendre un texte documentaire
Les élèves ont l’habitude de lire des textes découpés en chapitres, avec une écriture continue, ou de travailler sur des documents variés, en histoire par exemple. Pour eux, ces documents juxtaposés ne font pas nécessairement sens les uns avec les autres. Travailler directement à partir d’un livre documentaire ou d’un site internet nécessite un apprentissage ciblé.
Ainsi, un des premiers exercices de compréhension d’un livre documentaire est le décryptage du fonctionnement du sommaire, pour chercher une page qui pourra répondre à un besoin d’information précis. Il est aussi possible de faire travailler les élèves sur la structure d’une double page d’un livre ou d’une revue documentaire, pour leur faire comprendre l’importance de la lecture des titres et intertitres et de leur hiérarchisation, ainsi que le lien entre les illustrations, textes, schémas et encadrés.
Se mettre à la place de l’éditeur et du graphiste
Il y a quelques années, une autrice du magazine Baïka, qui traite de questions liées à la culture et à la géographie, a proposé, dans le cadre de l’Éducation aux Médias et à l’Information (EMI), un atelier de mise en page à partir d’une de ses revues. Il s’agissait de recréer une rubrique d’un numéro de la revue. Nous choisissons ici d’adapter cet atelier.
À partir de plusieurs pages d’un livre documentaire sur les monstres de la mythologie antique, on extrait des illustrations, des paragraphes, des titres, des schémas et des légendes. Ces éléments sont isolés les uns des autres. Les textes peuvent être proposés en plusieurs exemplaires en changeant les couleurs ou les polices d’écriture. Ils sont imprimés et distribués aux élèves. L’exercice consiste à leur demander de reconstituer une double page de documentaire présentant le sujet voulu. Les élèves peuvent choisir les titres, textes, illustrations, légendes en fonction de leur pertinence, et les associer pour produire une double page qui décrive le monstre antique tiré au sort.
Intégrer de la différenciation
Il est possible de proposer cet exercice au cycle 4 et de différencier les difficultés : une biographie sera plus facile à reconstituer et à hiérarchiser. Un entretien permettra aux élèves d’associer plus facilement les questions aux paragraphes. Pour les élèves les plus en difficulté, les associations titres/paragraphes pourront déjà être préparées. Au contraire, pour complexifier l’exercice il sera possible d’ajouter des tableaux de données, des schémas que les élèves devront insérer ou encore de proposer des images à légender.
Il peut être également intéressant, en partant d’une recherche documentaire, de faire écrire aux élèves certains paragraphes. Nous pourrons alors ajouter, par exemple, un exercice bibliographique.
Productions et prolongements
Une fois que les élèves ont fait leurs choix, ils sont invités à découper les éléments et les assembler sur une feuille A3. La mise en page est alors discutée, l’occasion d’aborder avec eux les notions de charte graphique, homogénéité des polices, sens de lecture de l’information. Une fois les éléments validés par chacun, les élèves peuvent coller les éléments et finaliser leur page.
Pour l’ensemble de ce travail, seront valorisées les informations retenues par les élèves, la façon dont ils les ont hiérarchisées, le soin ainsi que l’originalité du rendu final. Les doubles pages obtenues peuvent être exposées au CDI. Il est aussi intéressant de projeter la mise en page initiale et de recueillir les avis des élèves.
Cet atelier a l’intérêt de faire entrer les élèves dans l’information par une porte inhabituelle : non pas lire pour sélectionner et comprendre l’information mais plutôt la comprendre pour l’organiser au mieux. Il s’agit de leur faire manipuler la structure même du document pour le rendre plus accessible, moins effrayant.
Notion info-documentaire – La structure du document
La structure du document renvoie à son organisation finale, et à sa structuration en différents éléments constitutifs (blocs d’images ou de texte) qui le caractérisent et permettent de l’identifier.
La structure du document présente l’information en utilisant différents codes de présentation. Ces codes sont liés à la technologie utilisée (imprimé, numérique, électronique) mais aussi à des choix esthétiques qui font l’originalité du document.
BIBLIOGRAPHIE
Pour les documentaires à partir desquels travailler, il est intéressant de choisir des ouvrages où les éléments sont facilement dissociables. À voir selon ce que vous trouvez dans les CDI de vos établissements.
- • Baïka Magazine (https://www.baika-magazine.com).
- • Hélène Montardre, La Mythologie grecque, Milan Jeunesse, 2011.
- • Raphaël Martin, Jean-Christophe Piot, Lucas Harari, Les Monstres de la mythologie, Éditions de La Martinière, 2016.
- • Arkéo Junior, soit « Thésée contre le Minotaure » dans Les Vikings, Guerres terribles, n°266, 2018, ou « Monstres et merveilles de l’Odyssée » dans Les Aventures d’Ulysse, un incroyable voyage, n°243, 2016, Éditions Faton.