Publié le 25 mars 2024
Par Armand Kadivar
Dans son plan de réformes tous azimuts de l’Éducation nationale, Gabriel Attal a désigné la mère de toutes les batailles : le recrutement et la formation des enseignants. Face à ces manques, l’association Ecolhuma qui, comme son nom l’indique, vise à remettre de l’humain dans le système scolaire, a créé la plateforme ÊtrePROF. Fort aujourd’hui de ses 160 000 membres, le site propose un panel de ressources transdisciplinaires gratuites, créées par et pour des enseignants.
L’association Ecolhuma
Anciennement nommé SynLab, Ecolhuma est une association d’intérêt général, indépendante, apolitique et non confessionnelle née en 2012. Elle s’est donné pour mission de soutenir les enseignants et chefs d’établissement, afin de faciliter la réussite des 12 millions d’élèves en France, notamment à travers différents dispositifs d’accompagnement, en ligne ou en présentiel. Ecolhuma utilise le levier du numérique pour faire le pont entre les acteurs de terrain, la recherche, les expérimentations et les décideurs éducatifs.
La théorie
L’association est à l’origine d’enquêtes, fruits du travail de ses chercheurs internes et externes, et dont les notes sont accessibles sur son site. Quatre thématiques prioritaires définissent les horizons de recherche de l’observatoire : le décrochage scolaire, les compétences psychosociales, la santé mentale et la transition écologique. Le dernier rapport, publié en collaboration avec le think thank Terra Nova, se penche sur l’urgence d’une grande réforme de la formation continue des enseignants. Les auteurs de cette publication incitent à repenser le système de formation continue en mettant en place un processus différent : le développement professionnel continu, comme cela se fait dans le monde de la santé.
La pratique : des sites pour le personnel éducatif
Pour aider concrètement le monde éducatif, Ecolhuma a lancé le site internet ÊtrePROF qui propose de nombreuses ressources consultables gratuitement. Ce contenu se fonde non pas sur une approche disciplinaire mais sur un accompagnement pédagogique autour de la transversalité du métier. Ainsi, les ressources sont faites pour accompagner la vie des professeurs et les aider à faire progresser leurs élèves, à enrichir leur pédagogie et à gérer les relations avec le reste de la communauté éducative. On passe donc d’une fiche intitulée « Stopper les bavardages » à « 6 conseils pour survivre face à des collègues insupportables ». La prise en compte des aspects psychologiques du métier d’enseignant constitue l’une des singularités et, partant, l’une des forces d’ÊtrePROF, qui refuse que les membres de la communauté scolaire soient réduits à des numéros et met l’accent sur le soutien humain et la solidarité intraprofessionnelle. Pour les sujets qui requièrent davantage de documentation, des guides pratiques sont proposés, pour accompagner par exemple des élèves dys ou pour organiser une sortie scolaire. Enfin, des parcours de plusieurs heures sont mis en place : ce sont des séries de formations courtes pour aborder à son rythme un aspect du métier d’enseignant (développer le travail en équipe, mieux connaître
ses élèves, prévenir le décrochage…) avec un expert ou un mentor. Un tel dispositif veut permet de pallier les lenteurs administratives. Si un enseignant découvre à la rentrée qu’il a un élève dyslexique dans sa classe alors qu’il n’a aucune expérience en la matière, les formations officielles pour qu’il apprenne à adapter son enseignement n’interviendront, dans le meilleur des cas, que 12 à 18 mois après. Les ressources ne sont pas exclusivement textuelles : la plateforme produit des podcasts, des tutoriaux en vidéo et des lives sur Facebook qui permettent d’échanger en direct sur le métier et ses problématiques.